Les enfants Alvira entourés du dessinateur Juan Juvancic et don Rafael Arias, auteur, et l'éditrice, Bénédicte Bernard.
Quels sont vos souvenirs les plus lointains de vos parents ?
Le souvenir le plus lointain que j’aide ma mère remonte au moment où elle nous couchait ma sœur, d’un an ma cadette, et moi. Avant de nous mettre au lit, elle nous apprenait, avec beaucoup de douceur et d’affection, à faire le signe de la croix et à réciter deux courtes prières, qui sont restéesgravées pour toujours dans ma mémoire : une à l’Enfant Jésus et l’autre à l’ange gardien. Ensuite, après un baiser envoyé à l’image de la Vierge de la chambre, ma mère nous embrassait et nous nous endormions en toute tranquillité.
Pour ce qui est de mon père, je retiens la manière qu’il avait de me prendre sur ses genoux à chaque fois que je venais de faire une bêtise, pour m’expliquer calmement et avec affection, pourquoi je devais agir autrement. Je me sentais en confiance, très rassurée.
Au-delà de ces faits concrets, je retiens avant tout un climat d’amour et de confiance. Je n’avais pas peur de mes parents, même lorsque je faisais des bêtises.
Vous rendiez-vous compte de leur rayonnement plus jeune ? Par quoi cela se traduisait-il ?
Oui, j’ai commencé à m’en rendre compte assez tôt, en voyant les relations si nombreuses et affectueuses qui se tissaient de façon très naturelle autour d’eux, avec toute sorte de personnes. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner à la maison, jusqu’à tard le soir : beaucoup de gens leur demandaient des conseils ou de l’aide. Ils se donnaient à fond aux autres. Ils écoutaient beaucoup, disponibles, positifs et optimistes, avec un esprit de sacrifice qui semblait aller de soi !
Je me rendais compte aussi qu’ils avaient une réelle autorité morale qui suscitait respect et admiration. Mais toujours avec beaucoup de naturel et de simplicité. Un jour, par exemple, un jeune couple nous a demandé à une de mes sœurs et à moi ce que faisaient mes parents à la maison avec nous, voulant percer en quelque sorte le secret de cette ambiance familiale. Nous nous sommes regardées ma sœur et moi un peu surprises et nous avons répondu : rien de spécial, tout est normal! C’est ainsi que nous le ressentions !
Il n’y a pas de doute que cela nous inspirait aussi admiration et confiance envers eux.
Quel témoignage aimeriez-vous transmettre aux couples aujourd’hui ?
Malgré toutes les difficultés de la vie, il n’y a rien de plus beau et de rassurant pour un enfant que de voir ses parents s’aimer et lutter pour s’aimer chaque jour d’avantage. Il apprend plus facilement à aimer Dieu et les autres à travers leur exemple. Certes, il est évident que l’amour implique une lutte permanente pour vivre toutes les vertus. Mais quand l’exemple des parents est réel et attrayant, les enfants ont envie de les imiter.
Le bonheur matrimonial est possible, et il est d’autant plus grand qu’il est fondé sur l’amour de Dieu.
Cela dit, mes parents ont aidé beaucoup de couples en difficulté et ils continuent de le faire ! Seule la Sainte Famille est parfaite !
Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose de vos parents, laquelle serait-elle ? Et pourquoi ?
L’amour dans toutes les dimensions : amour de Dieu, amour conjugal, amour des enfants, des amis…, cultivé au jour le jour, de manière concrète, fondement d’un bonheur qui a rayonné autour d’eux, en commençant par leurs enfants et toute la famille, dans une ambiance de liberté , de confiance et de grande joie.
Pourquoi ? Leur vocation à la sainteté à travers leur mariage et leur vie ordinaire, a été pour eux un idéal de vie, qu’ils ont cherché avec une foi et un enthousiasme que seule une union permanente avec Dieu peut expliquer. En cela ils ont été spécialement aidés par leur rencontre avec saint Josémaria et l’Opus Dei.